Brut Pur – l’artisanat au Val-de-Travers

L’essence de l’artisanat

Avec Brut Pur, j’ai voulu poser un regard sur une richesse discrète mais essentielle : l’artisanat du Val-de-Travers. Ce territoire, que j’habite et que j’explore depuis des années à travers mon objectif, recèle des savoir-faire ancestraux, transmis parfois dans l’ombre, souvent avec une passion silencieuse.

L’exposition ne cherche pas à magnifier artificiellement l’artisanat, mais à révéler sa vérité brute, sa beauté imparfaite et sa vulnérabilité. Les gestes, les matières, les outils : tout ici raconte une histoire de lien entre l’humain, la matière et le temps.

Fragilité et force d’un patrimoine vivant

L’artisanat est une force. Il incarne la persistance d’une mémoire, la maîtrise d’un savoir-faire, l’ancrage dans un territoire. Mais il est aussi fragile : menacé par la production industrielle, la consommation rapide et l’oubli progressif des traditions.

À travers mes photographies, j’ai voulu mettre en lumière ce paradoxe : la solidité d’un geste qui perdure depuis des générations, et la fragilité d’un métier qui peut disparaître si nous cessons de lui donner sens.

Chaque image est un fragment de cette dualité : la puissance d’un marteau qui façonne le métal, la finesse d’une main qui sculpte le bois, la patience d’un regard qui veille sur une pièce en devenir.

Un territoire façonné par ses artisans

Le Val-de-Travers n’est pas qu’un paysage de forêts et de montagnes. C’est aussi un lieu où se tissent des histoires humaines, où l’artisanat fait partie intégrante de l’identité locale. De l’horlogerie à la sculpture, du travail du cuir à la céramique, ces savoir-faire dessinent les contours d’une culture discrète mais tenace.

En photographiant ces ateliers, ces matières et ces visages, j’ai découvert à quel point l’artisanat et le territoire sont indissociables. Ici, le bois porte l’odeur des forêts environnantes, le métal rappelle la force des montagnes, et chaque objet fini est comme une condensation du paysage.

Brut et pur

Pourquoi ce titre ? Brut Pur renvoie à deux dimensions essentielles.

• Brut : parce que l’artisanat est un travail direct avec la matière. Le bois, la pierre, le cuir, le métal : rien n’est aseptisé, tout est vivant, parfois rugueux, parfois rebelle.

• Pur : parce que chaque geste, chaque création, est le fruit d’une sincérité. Pas de superflu, pas d’artifice. Juste un artisan, une matière, et le temps nécessaire pour que l’un et l’autre s’accordent.

C’est ce dialogue nu et essentiel que j’ai cherché à capturer.

Une rencontre avec les artisans

Plus qu’une documentation, l’exposition est une rencontre. Derrière chaque photographie, il y a une voix, un échange, une histoire partagée. Certains artisans m’ont ouvert les portes de leurs ateliers avec fierté, d’autres avec pudeur. Tous m’ont transmis quelque chose de précieux : leur passion, mais aussi leur inquiétude quant à l’avenir.

Beaucoup évoquent la difficulté de transmettre leur métier, la rareté des apprentis, la pression économique qui pousse à accélérer, simplifier, produire autrement. Ces confidences font partie intégrante de l’exposition : elles donnent une profondeur humaine aux images.

Une esthétique fidèle

Photographier l’artisanat, ce n’est pas simplement montrer des objets. C’est rendre compte d’une atmosphère : la poussière suspendue dans la lumière d’un atelier, les mains tachées, les outils usés, les matières en transformation.

Mon approche a été de rester fidèle à cette atmosphère. Une lumière douce mais franche, des cadrages proches des gestes, un travail sur la texture qui invite presque à toucher les images. Je voulais que chaque photo soit une immersion sensorielle, comme une porte entrouverte vers ce monde discret.

Un appel à la transmission

Brut Pur n’est pas qu’une série esthétique : c’est aussi un appel. Car chaque artisan rencontré m’a rappelé que son métier est un patrimoine vivant, fragile, dépendant de la reconnaissance collective.

En exposant ces images, je souhaite éveiller une conscience : soutenir les artisans, acheter leurs créations, valoriser leur rôle dans la société. Car derrière chaque objet fait main, il y a non seulement une qualité, mais aussi une histoire, une part de nous qui perdure.

Conclusion : célébrer et protéger

L’exposition Brut Pur se veut à la fois hommage et alerte. Hommage à celles et ceux qui perpétuent ces savoir-faire avec passion et rigueur. Alerte sur la fragilité de ce tissu artisanal qui pourrait se déliter dans l’indifférence.

À travers mes photographies, j’ai voulu rappeler que l’artisanat n’est pas seulement un métier du passé : c’est un art de vivre, une richesse culturelle, une relation intime avec la matière et le territoire.

Le Val-de-Travers, avec ses artisans, offre un visage authentique, brut et pur. C’est ce visage que j’ai tenté de capter, et que je vous invite à découvrir, avec l’espoir que chacun reparte avec le désir de préserver ce patrimoine vivant.

Exposition Courages

Donner un visage au courage

En 2021, l’exposition Courages est née d’un besoin profond : mettre en lumière celles et ceux qui, chaque jour, osent être eux-mêmes malgré les obstacles, les jugements ou les discriminations. Dans mon parcours de photographe, j’ai toujours cherché à capter l’essence des personnes, leur authenticité. Mais pour ce projet, je voulais aller plus loin : dépasser l’esthétique pure pour questionner la société, ses normes, ses préjugés et la manière dont chacun trouve la force d’exister pleinement.

Une démarche contre les discriminations

Nous vivons dans un monde où les différences – de genre, d’origine, d’âge, de physique ou de croyances – sont trop souvent stigmatisées. Derrière chaque stéréotype se cache une réduction de l’humain, un enfermement qui nie la singularité. Avec Courages, j’ai voulu déconstruire ces images simplistes pour leur opposer des visages vrais, puissants, libres.

Chaque portrait raconte une histoire personnelle, celle d’une personne qui a choisi de s’affirmer, de s’assumer, parfois contre vents et marées. Le courage n’est pas un concept abstrait : il est incarné dans ces regards, ces gestes, ces postures. En photographiant ces personnes, je leur ai tendu un miroir, mais aussi un espace d’expression où elles pouvaient exister sans masque.

L’art comme dialogue

L’exposition n’est pas une série fermée sur elle-même. Elle est une invitation au dialogue. Mes images ne cherchent pas à donner des réponses toutes faites, mais à susciter des questions :

• Qu’est-ce que le courage pour moi, dans ma vie quotidienne ?

• Quels stéréotypes ai-je déjà véhiculés sans m’en rendre compte ?

• Comment puis-je contribuer à une société plus respectueuse et plus ouverte ?

En cela, Courages est une œuvre collective. Les modèles ont prêté leur image, leur histoire, leur présence. Le spectateur, lui, complète l’expérience en se laissant toucher, déranger, émouvoir. L’art ne vit vraiment que dans cet échange.

Une esthétique au service du sens

Sur le plan photographique, j’ai volontairement choisi une approche sobre et directe. Pas de mise en scène complexe ni d’artifices inutiles : la lumière, les regards et la sincérité suffisent. Chaque portrait devait être une rencontre, pas une construction figée.

J’ai privilégié la clarté, la proximité et la force des contrastes pour que l’émotion prime. Mon objectif n’était pas de montrer des « modèles » mais des personnes réelles, avec leurs failles et leur beauté brute. Car le courage se trouve aussi dans les fragilités que l’on accepte de dévoiler.

Courages : un miroir de société

Au fil des séances, j’ai compris que Courages n’était pas seulement un projet artistique, mais aussi un témoignage. Ces visages reflètent une société en mutation, où les luttes pour l’égalité, la reconnaissance et le respect restent d’actualité.

Chacun des portraits peut être vu comme un fragment d’un grand puzzle : celui d’une humanité diverse, riche, parfois blessée mais toujours digne. L’exposition pose la question : sommes-nous capables de regarder vraiment l’autre, au-delà des apparences et des clichés ?

Un projet personnel et universel

Bien sûr, Courages a aussi une dimension personnelle. Derrière l’appareil photo, je porte mes propres sensibilités, mes propres combats. Mais en même temps, le projet me dépasse : il appartient aux personnes photographiées, et à toutes celles et ceux qui s’y reconnaîtront.

En donnant une place à ces histoires singulières, j’espère avoir ouvert un espace commun, où l’on peut se retrouver dans ce qui nous unit : la quête de respect, de dignité et de liberté d’être soi.

Conclusion : l’art comme acte de courage

Courages n’est pas une fin, mais une étape. Je souhaite qu’il inspire, qu’il questionne et qu’il donne envie d’agir. Car le courage, ce n’est pas seulement défier les normes à grande échelle : c’est aussi, et surtout, le geste quotidien de rester fidèle à soi-même, malgré les regards.

En tant que photographe, mon rôle est de donner forme à ces instants de vérité. Mais le véritable courage, celui qui fait vivre l’exposition, est celui des personnes qui se sont offertes à l’objectif, et celui de chacun qui accepte de regarder autrement.